La renaissance d’un trésor horloger oublié secoue le monde des montres de luxe. Découvrez comment un design controversé des années 70 défie aujourd’hui toutes les conventions et fascine les collectionneurs les plus exigeants.
La locomotive Credor : une apparition fracassante
La locomotive Credor s’est imposée comme la révélation la plus stupéfiante de ces derniers mois dans l’univers horloger. Cette résurrection d’un classique conçu par Gérald Genta dans les années 1970 a immédiatement fait parler d’elle. Les avis tranchés sur les qualités esthétiques de ce modèle ont rapidement enflammé les réseaux sociaux.
Au premier regard, la locomotive semble défier toute logique. Elle marie des éléments familiers issus d’autres créations célèbres de Genta, mais les assemble de façon inédite. Les formes paraissent s’opposer plutôt que se compléter harmonieusement. Pourtant, une question s’impose : ce design ne cacherait-il pas une brillance subtile qui ne se révèle qu’avec le temps ? La locomotive serait-elle une de ces montres dont on tombe amoureux progressivement ?
Un design qui divise : génie incompris ou erreur de parcours ?
L’idée reçue veut que les grands designers ne créent jamais de mauvais designs. Si la beauté reste subjective, il n’en demeure pas moins que certains critères objectifs permettent d’évaluer la qualité d’un design. Lorsqu’une majorité de personnes juge un design négativement pour des raisons évidentes, il est légitime de penser que le créateur a commis des erreurs objectives.
En examinant la carrière prolifique de Gérald Genta, on constate qu’il a certes conçu certaines des montres les plus emblématiques de l’industrie horlogère. Néanmoins, au-delà de ces succès retentissants, son parcours comporte également des réussites plus discrètes et quelques échecs. Où se situe la locomotive Credor dans ce spectre ? Les premières réactions à la vue des images de ce classique ressuscité ont été majoritairement négatives.
Une première impression trompeuse
En toute honnêteté, j’ai moi aussi été prompt à juger cette montre. À première vue, son design semble incohérent. On y retrouve un assemblage des plus grands succès de Genta, mais le résultat paraît déséquilibré, voire grotesque. Pourtant, cette combinaison d’éléments familiers ne manque pas d’intriguer. Connaissant le talent de Genta, il faut reconnaître qu’il avait peut-être une vision que nous ne percevons pas immédiatement. L’expérience m’a appris qu’il est impossible de juger correctement une montre sans l’avoir vue et portée au poignet.
Dès que nous avons reçu la locomotive Credor dans nos bureaux, nous avons constaté qu’il y avait bien plus à dire que son simple design. La première chose qui frappe lorsqu’on la prend en main est son incroyable légèreté et la finition sublime du titane. Ajoutez à cela un cadran aux détails stupéfiants, et vous obtenez un festival visuel à contempler. Une fois au poignet, son confort exceptionnel se fait immédiatement sentir. Mais cela suffit-il à compenser son apparence atypique ? Je dois admettre que ce n’était pas le cas au début.
L’histoire fascinante de la locomotive Credor
Avant d’aller plus loin dans mon expérience avec cette montre, il convient d’en rappeler le contexte. La locomotive Credor est une création de Genta lancée initialement en 1979. Son design s’inscrit dans la lignée des montres de sport de luxe modernes, même si elle ne possède pas de bracelet intégré. Genta est surtout connu pour avoir dessiné la Royal Oak d’Audemars Piguet et la Nautilus de Patek Philippe, et on retrouve de nombreuses influences de ces modèles dans le design de la locomotive.
Credor a choisi de réintroduire la locomotive pour célébrer le 50e anniversaire de la marque. C’est un choix intéressant pour marquer cette étape importante, car cette montre n’avait pas connu un grand succès commercial à l’époque. Elle était restée cachée du grand public pendant des décennies. Cette décision a d’ailleurs valu à Credor d’être accusée par certains passionnés de vouloir surfer sur la vague Genta. Personnellement, je ne savais même pas que cette vague était encore d’actualité. Quoi qu’il en soit, qu’elles soient positives ou négatives, les réactions ont assurément mis Credor sous les projecteurs pendant un moment.
Caractéristiques techniques et détails surprenants
Rappelons les spécificités de la nouvelle locomotive et ce qui la différencie du modèle original. Tout d’abord, la montre arbore un boîtier en titane haute intensité de 38,8 mm de diamètre, pour une longueur de 41,7 mm et une épaisseur de seulement 8,9 mm. Ce boîtier hexagonal, avec ses caractéristiques vis à empreinte hexagonale sur la lunette, est doté d’une couronne vissée à 4 heures présentant un design similaire. Son étanchéité est garantie jusqu’à 100 mètres.
Grâce à la construction en titane du boîtier et du bracelet, la montre ne pèse que 78 grammes. Le modèle factice que nous avons reçu, dépourvu de mouvement, était encore plus léger, ce qui donnait une impression quelque peu trompeuse, mais permettait néanmoins de se faire une idée de la légèreté exceptionnelle de cette pièce.
Le boîtier magnifiquement fini s’accompagne d’un cadran spectaculaire. Comme expliqué précédemment, ce fond arbore 1 600 lignes radiales dont l’effet visuel est saisissant en réalité. Elles s’harmonisent à merveille avec la couleur du cadran. Bien que Credor affirme qu’il s’agit d’un cadran noir, sa teinte varie selon l’éclairage, passant du noir au gris foncé, voire à un brun sombre.
C’est un cadran fascinant qui ne cesse d’attirer le regard. À 3 heures, on trouve un guichet de date dont le design s’accorde parfaitement avec celui des index appliqués, grâce à son cadre poli, son disque blanc et ses chiffres noirs.
Les particularités de design de la locomotive
Les principaux points de discussion concernant le design sont le bracelet peu intégré et la lunette hexagonale avec ses vis de fixation. Cette dernière peut sembler un peu brute dans son apparence, les vis étant assez imposantes par rapport à la largeur de la lunette. De plus, la lunette s’incline vers le boîtier, ce qui accentue la proéminence des vis. Quant au bracelet, il rappelle fortement celui de la Royal Oak, mais son point de fixation central au boîtier l’empêche d’être véritablement intégré.
Bien que cela ne soit pas un problème en soi, cette construction peut amener à s’interroger sur l’attrait visuel de la montre. L’absence de continuité naturelle entre le boîtier et le bracelet peut faire douter de l’harmonie entre les styles de ces éléments, ou de l’adéquation de la largeur du bracelet par rapport au boîtier.
Dans l’ensemble, on pourrait se demander si nous ne sommes pas face à un design composite, mélangeant des éléments de l’AP Royal Oak (bracelet), de la Chopard Alpine Eagle (texture du cadran) et de la Cartier Pasha (fixation centrale du bracelet). On pourrait même suggérer une similitude avec le design du cadran de la Patek Nautilus. La vraie question est de savoir si cette combinaison d’éléments fonctionne.
L’expérience au poignet de la nouvelle locomotive Credor
La première fois que j’ai mis la locomotive à mon poignet, j’ai été principalement frappé par sa légèreté extraordinaire. Certes, le modèle factice ne comportait pas le nouveau mouvement fin CR01. Ce calibre automatique équipera les 300 exemplaires de cette montre, avec une fréquence de 28 800 alternances par heure et une réserve de marche de 45 heures.
L’absence de mouvement réduisait le poids de 78 à 64 grammes, ce qui faisait une différence notable. Mais même avec le mouvement, elle restera une pièce d’une légèreté exceptionnelle. Le mouvement sera dissimulé derrière un fond en titane, fixé par six vis et gravé du numéro de série limité de chaque montre.
Une fois passée la surprise de la légèreté, j’ai été impressionné par la qualité de finition de la montre. Le contraste entre les parties brossées et polies crée un effet visuel saisissant. En termes de présence visuelle, le métal ressemblait à de l’acier inoxydable. Il possède une netteté qu’on ne voit généralement pas sur les montres en titane, ce qui attirait constamment mon regard. J’ai découvert de nombreux détails subtils qui se révélaient une fois la montre au poignet. C’était vraiment remarquable.
La locomotive Credor : une montre qui se révèle avec le temps
Mais la question la plus importante reste : le design est-il cohérent ? Les particularités de conception sont-elles problématiques ou deviennent-elles au contraire le principal attrait de la montre ? Il m’a fallu un certain temps pour m’habituer au design, mais une fois que j’ai compris sa logique, j’en suis rapidement devenu fan. Au poignet, les proportions de la montre prennent tout leur sens. Comment pourrait-il en être autrement ?
Genta savait certainement ce qu’il faisait, et il excellait dans l’art de trouver les bonnes proportions pour ses designs. Il est évident pour moi que Genta s’est concentré sur la création d’un design fonctionnel au poignet. Trop souvent, nous jugeons un livre à sa couverture. En toute honnêteté, la couverture de ce livre est légèrement trompeuse.
J’ai fini par adorer la nouvelle locomotive Credor. Mais je comprends aussi qu’elle s’inscrit dans ma récente fascination pour les designs originaux et atypiques. De bons exemples sont l’enthousiasme que j’ai ressenti en découvrant la Toledano & Chan B/1 et la brillante Audemars Piguet [RE]Master02 Selfwinding. De plus, j’éprouve une attirance croissante pour les montres-bracelets en or de Piaget. Elles se démarquent immédiatement, mais elles ne sont certainement pas du goût de tous. C’est également ce que je ressens pour la nouvelle locomotive Credor. Gérald Genta a créé des designs exceptionnels qui sont devenus des icônes de l’industrie. Si ce sont ceux-là qui vous attirent, ce sont ceux que vous devriez rechercher.
Réflexions finales sur la locomotive Credor
Si vous êtes prêt à vivre une expérience visuelle intense, à la fois étrangement familière au début mais sauvage et merveilleuse une fois que vous vous abandonnez à l’œil de Genta pour le design, vous prendrez un plaisir fou à porter cette locomotive Credor. C’est ce que j’ai ressenti pendant le court laps de temps où nous l’avons eue dans nos bureaux. Changerais-je quoi que ce soit à son sujet ? Certainement pas. Bon, peut-être qu’un mouvement quartz haut de gamme aurait été plus fidèle à l’original, et je sais que Credor n’aurait eu aucun mal à en trouver un. Mais je comprends aussi l’attrait plus large d’un mouvement mécanique pour les personnes qui devront débourser 14 000 € pour acheter la nouvelle locomotive Credor.
Cette création de Genta ressuscitée n’est pas faite pour tout le monde, et Credor en est conscient. C’est pourquoi la marque ne produira que 300 exemplaires de la nouvelle locomotive. Pour moi, cette montre témoigne de la quête de Genta pour concevoir des montres utilisant des formes rudimentaires. Après avoir abordé l’octogone, le carré et le cercle avec la Royal Oak, la Nautilus et l’Ingenieur, il a également réussi à créer un design hexagonal avec la locomotive.
Si vous parvenez à apprécier les choix de design remarquables qu’il a faits en cours de route, la nouvelle locomotive Credor vaut vraiment le détour. Malgré les réserves que j’avais au début, la montre m’a complètement séduit grâce au design exceptionnel de Genta et à la brillante exécution de Credor. La combinaison des deux en fait l’une de mes sorties préférées de cette année.
Les 300 exemplaires de la locomotive Credor seront vendus dans des points de vente sélectionnés. En Europe, la montre sera disponible exclusivement dans la boutique Grand Seiko de la Place Vendôme à Paris. Pour en savoir plus, rendez-vous sur le site officiel de Credor.
La locomotive Credor prouve que le génie du design horloger peut parfois prendre des formes inattendues. Elle nous rappelle que la beauté peut se cacher dans les détails et que certaines montres méritent qu’on leur accorde du temps pour révéler tout leur potentiel. Qu’on l’aime ou qu’on la déteste, cette pièce unique marque indéniablement un tournant dans l’histoire de l’horlogerie de luxe.
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- La locomotive Credor : une apparition fracassante
- Un design qui divise : génie incompris ou erreur de parcours ?
- Une première impression trompeuse
- L’histoire fascinante de la locomotive Credor
- Caractéristiques techniques et détails surprenants
- Les particularités de design de la locomotive
- L’expérience au poignet de la nouvelle locomotive Credor
- La locomotive Credor : une montre qui se révèle avec le temps
- Réflexions finales sur la locomotive Credor